"Sparring partner" en entreprise
Pour rédiger le titre de ce billet, j’ai hésité sur les termes. Mes client·e·s parlent plutôt de “coach”. Pour ma part, j’accompagne des personnes vers un changement, en les écoutant sur la base d’un problème révélé par leur positionnement au sein d’une organisation. C’est l’histoire d’un lien ténu qui se noue en 8 séances.
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En principe, on fait appel à moi parce qu’il y a un problème. Lorsqu’on me parle de ma future mission et que l’on décrit la personne que je vais accompagner, je comprends que sur le plan des connaissances métiers tout roule, par contre, il y a des bémols sur la capacité de la personne à entrer en relation avec d’autres personnes et cela peut être grave quand il s’agit d’un·e manager. Avant d’accepter ma mission, j’ai besoin de comprendre les motivations du mandant et de lui présenter ma façon de travailler. Je ne suis pas de celles qui amènent un changement de surface par des méthodes intrusives. Ma force c’est la douceur, le respect pour le libre-arbitre de chaque personne allié au courage de confronter quand cela peut aider la personne à progresser.
La fissure dans la glace
Mon accompagnement débute toujours par une séance avec toutes les parties concernées (Tiers-payant, client·e, et moi-même). Cette séance permet de décrire le problème, “la fissure dans la glace” qui est à l’origine de la démarche, le tiers-payant décrit, avec ses propres mots, la situation qui entraine les mesures et définit aussi comment il pourra évaluer les éventuels changements du comportement problématique. Les 3 parties s’entendent sur les aspects qui doivent être travaillés en bilatérale, le tiers-payant accepte que tout ce qui y sera partagé restera confidentiel. Le client s’engage à participer activement à la démarche, un contrat oral s’établit. Il va de soi que l’aspect relationnel est fondamental : la personne doit m’accorder un minimum de confiance sinon il vaut mieux renoncer. Il est prévu une séance de bilan à 3 pour faire le point.
Prendre conscience de son rôle
Lorsque j’accompagne la personne en bilatérale ensuite, je ne recherche pas la transparence absolue car je sais que nous évoluons tous et toutes avec des masques sociaux en fonction des différents rôles que nous devons jouer dans la société. Je n’oublie pas qu’aux yeux de mon ou de ma cliente, je suis payée par son entreprise et donc pas totalement neutre même si je fais preuve d’une éthique irréprochable. Il m’arrive de devoir encourager mes clients à développer un certain sens tactique, à faire preuve de moins de transparence et de “franchise” dans certaines situations. Il s’agit pour eux d’être plus conscients des enjeux, de se mettre à la place de l’autre et d’adapter leur comportement à la situation.
Agree and commit, disagree and commit or get out of the way (traduction libre : Accepte et engage-toi, sois en désaccord et engage toi ou dégage). Scott McNealy, co-fondateur de Sun Microsystem
La personne à qui on paie un coaching doit prendre conscience qu’il doit modifier ses interactions dans l’environnement où elle évolue, et que le sujet n’est pas de savoir qui a raison mais plutôt est-ce que je peux vivre avec ce qui a été décidé et comment je fais pour gérer mon éventuelle frustration. Identifier quelles valeurs entrent en conflit avec celles de son entreprise, repérer la dynamique qui s’est mise en place entre elle et les autres protagonistes peut s’avérer utile.
A la recherche de la perle
Nous débutons souvent la collaboration par une réflexion sur la ou les situations qui ont posé problème et j’invite ensuite la personne à identifier au quotidien des événements qui provoquent des blocages afin de repérer d’éventuels schémas qui se reproduiraient. Chacune de nos séances est aussi le lieu pour amener des situations relationnelles “à chaud” pour rechercher ensemble des pistes de solutions. Par la reformulation, j’aide à clarifier et parfois j’use aussi de confrontation empathique lorsque j’observe des contradictions, des paradoxes. Tout cela dans le respect et sans perdre de vue pourquoi nous travaillons ensemble. Quand trois conditions sont réunies : le non-jugement, une qualité de présence et la capacité à comprendre le point de vue de la personne, alors il lui est possible de changer. Mon accompagnement ne sert qu’à réunir les conditions qui vont lui permettre d’accéder à cette perle.
L’accompagnement de personne en entreprise, qu’on appelle le plus souvent coaching, peut être bénéfique si il n’arrive pas trop tard; en effet, si la personne accompagnée a déjà accumulé un certain nombre de casseroles, il sera difficile de changer son image. Le principal biais du coaching est la focalisation du problème sur une personne alors que celle-ci n’est qu’un élément du système. J’ai rencontré des situations où le cochee ( la personne accompagnée) se transforme en bouc émissaire d’une organisation qui dysfonctionne. Si l’entreprise envisage la situation au prisme de la dynamique de groupe, des solutions plus durables peuvent être implémentées. C’est aussi important de faire comprendre à la personne accompagnée qu’un individu fait toujours partie d’un groupe sur lequel il a un impact limité; mon objectif est des lui donner des outils pour mieux anticiper certaines situations, de lui permettre de s’entrainer pour développer les bons réflexes et éviter ceux qui le mettront en marge.